Photo

 

 

 

 

 

RUZIBIZA J-ABDUL

Birkenesveien, 62

4647 Brennâsen

NORGE

 

 

 

PS. : J’ai préféré donner ma photo

ainsi que mon adresse actuelle afin d’éviter

que mon témoignage ne soit pris pour un tract

ou comme un témoignage donné par un vagabond sans adresse

 comme le « Président rwandais »Paul Kagame a tenté de l’expliquer

lors de sa dernière visite à Bruxelles en Belgique.

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COMMUNIQUE DE PRESSE

 

                Après l’assassinat des Présidents Habyarimana Juvénal du Rwanda et son homologue burundais Ntaryamira Cyprien, ainsi que de neuf autres personnalités qui étaient dans leurs suites, de nationalité rwandaise, burundaise et française, l’avion abattu étant civil et survolant la zone démilitarisée, tous les médias du monde : radios, télévisions et la presse écrite, ont relayé cette information. Comme certains journalistes savaient où j’étais en ce moment, ils m’ont demandé si ce qui se dit sur cet assassinat, impliquant les militaires du Front Patriotique Rwandais, et moi-même en particulier, était vrai. Je leur ai répondu que ce qui se dit est effectivement vrai.

 

                Mais, vu comment une information peut être déformée au fur et à mesure qu’elle circule, il me semble opportun de préciser personnellement ce que j’ai donné aux enquêteurs qui m’ont interrogé à ce sujet. Concernant les enquêtes faites au sujet de l’assassinat des Présidents rwandais et burundais, plusieurs personnes ont été interrogées à ce sujet. Je donnerai ici uniquement le témoignage de ce que j’ai déclaré.

 

                Si j’ose parler aujourd’hui, c’est parce que je me trouve dans des conditions sûres au point de vue de la sécurité. Ceux qui se trouvent au Rwanda et qui ont vu la même chose que moi ne peuvent pas témoigner de peur de se retrouver en prison ou d’être éliminés par Paul Kagame, comme cela a été le cas pour plusieurs innocents qui ne parlaient pas le même langage que lui.

 

Ce qui me pousse à témoigner est de contribuer à l’éclaircissement concernant le génocide sur des Tutsi et les massacres de Hutus modérés pendant la guerre du FPR/APR contre l’armée régulière. Je voudrais par ailleurs contribuer à ce que les rwandais et les populations des pays étrangers sachent réellement ce qui s’est passé pendant cette guerre, car la seule version qui est connue est celle qui est donnée par le FPR.

 

Au moment où nous commémorons le 10ème anniversaire des massacres des nôtres, il me semble urgent de faire connaître la vérité. Paul Kagame prétend être le sauveur des Tutsi alors que c’est lui qui les a fait tuer et qui nous a empêchés d’intervenir pour les sauver.

 

En annexe de ce communiqué je donne un témoignage afin de permettre au lecteur de savoir ce qui s’est passé réellement dans la zone que notre armée (FPR/APR) contrôlait.

 

Ce témoignage permettra aux rwandais qui pensent encore qu’ils ont été sauvés par Paul Kagame d’être mieux éclairés sur notre réelle responsabilité. J’espère que mon témoignage pourra contribuer à la réconciliation des rwandais.

 

ABDUL RUZIBIZA

14-03-2004

 

 

 

 

 

 

 


TEMOIGNAGE DESTINE A MONTRER A QUEL POINT L’ETAT RWANDAIS ET LE FRONT PATRIOTIQUE RWANDAIS (FPR) ONT UNE ENORME RESPONSABILITE DANS LE GENOCIDE RWANDAIS.

 

 

 

EST-CE QUE REELLEMENT LE FPR-APR A SAUVE LES TUTSI

COMME IL LE PRETEND ?

 

Après la sortie du rapport d’enquête sur l’assassinat des Présidents Habyarimana Juvénal et Ntaryamira Cyprien et les personnalités qui les accompagnaient, les médias, dont j’ignore comment ils ont mis la main sur ce rapport, en ont dit beaucoup de choses.

 

En ce qui me concerne, je vais donner mon témoignage sur la manière dont le FPR et son armée APR se sont comportés car je fus membre aussi bien du FPR que de l’APR jusqu’à ce que je prenne la fuite. Ce qui me pousse à parler c’est que dès la sortie dudit rapport, certains médias ont parfois interprété ou déformé mes propres déclarations.

 

 

QUI SUIS-JE ?

 

Je me nomme RUZIBIZA, j’ai été baptisé Vénuste en bas âge. Quand j’ai rejoins le FPR je me suis donné le surnom d’ABDUL comme nom d’identification (nom codé), et j’ai gardé ce surnom jusqu’à ce que je rejoigne l’armée en 1990. Il faut savoir que pour arriver dans la zone du FPR, tout membre devait être identifiable par son nom codé. Celui qui se trompait et donnait un code qui ne correspondait pas avec le code signalé auparavant et répertorié dans les registres ad hoc, était tué immédiatement. Il était considéré comme un espion.

 

Quand j’ai décidé de me convertir et me faire baptiser, on m’a donné le prénom de Josué. Je reconnais donc que j’ai porté tous ces noms. Dans l’armée on m’appelle RUZIBIZA ABDUL. Quand j’ai quitté le Rwanda dans la nuit du 03 au 04 février 2001, j’avais le grade de Lieutenant et mon numéro de matricule est OP1920.

 

Je suis né à Gitagata, commune Kanzenze (Bugesera). Je suis Tutsi de la dynastie « Abanyiginya-Abahindiro » du clan des « Abahindiro ». Ma mère est également Tutsi du clan des Batsobe. Je suis donc Tutsi de père et de mère. Toute ma famille, mes parents et mes six frères et sœurs, ont été tués pendant le génocide de 1994.

 

Ce témoignage est donc donné par un ex-militaire du FPR, d’ethnie tutsi, et qui a vécu dans la zone contrôlée par cette armée durant toute la période de la guerre.

Mon témoignage pourra éclairer le lecteur sur les agissements du FPR qui ont conduit à la catastrophe d’une ampleur jamais connue au Rwanda.

 

 


CE DONT JE SUIS TOUT A FAIT CONVAINCU

 

1. Je reconnais que la guerre contre le régime Habyarimana était nécessaire car ce régime ne respectait pas les droits de tous les citoyens. Une partie de la population, en majorité tutsi, était exclue de la gestion du pays. Mais je reconnais aussi qu’il y avait moyen de changer la situation sans nécessairement prendre les armes. En c e qui concerne les armes, les réfugiés tutsi ne pouvaient pas s’approvisionner en armes sans passer par l’armée ougandaise NRA, la seule armée régulière qui était prête à nous aider.

Il faut reconnaître que les relations entre les militaires de la NRA ougandais de naissance et les militaires issus des milieux de réfugiés rwandais s’étaient tellement dégradées avec le temps que cela ait été une des principales raisons qui ont précipité le retour des Tutsi.

 

2. Je reconnais qu’il y a eu génocide des Tutsi, planifié par les hauts dirigeants politiques et les responsables des services de sécurité. Cette planification a été mise en exécution par la population hutu, à part que certains Tutsi y ont également participé.

Je suis convaincu que ce génocide n’aurait pas eu lieu s’il n’y avait pas eu un déclencheur très sérieux car, même dans l’hypothèse extrême où les Hutu seraient devenus fous, il aurait été impossible que tout le monde accepte en même temps d’exécuter le plan macabre d’extermination des Tutsi.

 

J’affirme par ailleurs que le FPR et son armée APR, eux-aussi ont massacré une population civile sur ordre de Paul Kagame.

Je suis également convaincu que le génocide est la conséquence directe de la guerre et plus particulièrement du comportement de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) dans la zone qu’elle contrôlait. Je reviendrai sur ce point ultérieurement.

 

3. Je reconnais et j’affirme que l’APR a tué les populations civiles issues de toutes les ethnies, avec pour objectif de désorganiser le pays afin de justifier la prise de pouvoir par les armes, peu importe les conséquences d’un tel désordre sur la population de l’ethnie tutsi.

 

4. L’Armée Patriotique Rwandaise n’a jamais arrêté le génocide. Par contre elle a pu déloger les militaires des Forces Armées Rwandaises, les Interahamwe et la jeunesse Impuzamugambi de la CDR. C’est ainsi, que le gouvernement Kambanda fut anéantie. J’y reviendrai.

 

5. Je reconnais et j’affirme que les corps enterrés dans les fosses communes sont des corps des Tutsi et des Hutus confondus, car je connais des endroits où notre armée (APR) a tué les Hutu en série et a entassé les corps avec ceux des Tutsi.

 

6. Je suis convaincu et j’affirme que si le FPR ne l’avait pas voulu ainsi, il n’y aurait jamais eu de génocide.

Même si le régime en place avait planifié ce génocide, je réaffirme que si le FPR l’avait voulu il y’aurait eu moins de morts (peut être 100 000 morts et pas 1 million. Car le chef de l’Armée Patriotique Rwandaise a empêché ses troupes d’intervenir alors qu’elles en étaient capables. Je l’expliquerais ultérieurement.

 

7. Je reconnais qu’après la prise du pouvoir par le FPR (en juillet 1994) et tout ce qui a suivi: massacres ou emprisonnements de civils innocents, la guerre contre le Zaïre (actuellement République Démocratique du Congo), etc., le régime rwandais actuel ne peut pas juger de manière impartiale les criminels du génocide, car l’appareil judiciaire est également composé de personnes qui ont commis les mêmes crimes que les prisonniers, et ce sous l’autorité de Paul Kagame.

 

8. J’affirme sans équivoque que les déclarations qui prétendent que Paul Kagame est responsable de l’assassinat du Président Habyarimana sont tout à fait vraies. Plusieurs personnes l’ont déjà dit ou écrit, malheureusement ceux qui sont à l’intérieur du Rwanda n’ont aucune possibilité de parler car comme je l’ai déjà dit, toute personne qui oserait accuser le régime Kagame de tueries sera immédiatement et sans aucune autre forme de procès liquidé.

Laissons donc le temps aux enquêteurs. Leurs conclusions pourront éclairer la situation.

 

9. J’affirme que le Rwanda est dirigé depuis 10 ans par une formation où la méfiance entre les dirigeants eux-mêmes est totale, une situation où personne n’ose dire la vérité, où les citoyens rwandais et le monde extérieur n’ont jamais su ce qui s’est réellement passé. Je reste convaincu que si les rwandais savaient toute la vérité et les méandres de cette guerre, ce serait déjà une bonne base d’un processus de réconciliation.

 

10. Je suis fermement convaincu que les autorités rwandaises qui démentent nos déclarations, en faisant croire à la population rwandaise qu’il s’agit d’une manipulation de la France, veulent tout simplement camoufler leurs propres crimes.

 

                Paul Kagame qui minimise cette révélation sur l’assassinat du Président Habyarimana, sera tôt ou tard confronté avec son erreur d’appréciation qui a causé l’extermination de centaines de milliers d’innocents.

 

 

MISE EN PLACE DU FPR ET SA BRANCHE ARMEE APR

 

Je n’ai pas l’intention de faire de l’histoire du FPR. Mais ce front regroupait plusieurs petites associations d’anciens réfugiés rwandais.

 

Il a particulièrement recruté parmi les jeunes d’environ 15 ans au moins, principalement dans le milieu des réfugiés au Burundi, Tanzanie, Ouganda et Zaïre. C’est essentiellement parmi ces jeunes qu’est née l’armée patriotique rwandaise qui, avant d’attaquer le Rwanda faisait partie de l’armée régulière ougandaise NRA. Ces jeunes estimaient que les anciens réfugiés, qualifiés d’INYENZI, s’étaient mal comporté et que c’est pour cette raison qu’ils avaient perdu les différentes batailles.

 

Bref, beaucoup de réfugiés pensaient que leur situation serait améliorée grâce aux actions militaires ; c’est pourquoi le chef militaire Paul Kagame était plus respecté que le Président du FPR Kanyarengwe.

 

Personnellement j’ai vu que ceci est une erreur très grave. La conséquence en est que jusqu’à présent le pays est dirigé par la force, par l’armée et les services de sécurité.

 

                Comment expliquer que le FPR, au lieu d’attaquer le pays, n’a pas attendu les résultats des négociations en cours entre le gouvernement rwandais et les réfugiés? Plusieurs raisons expliquent cela :

 

Le président Museveni était critiqué par plusieurs ougandais qui disaient, à juste titre, que l’armée ougandaise était constituée presque exclusivement de rwandais. Ceci était vrai car il y avait beaucoup de rwandais même parmi les officiers supérieurs.

 

exemples :

 

Général Major Fred Gisa Rwigema ,

Général Major Mugisha Muntu,

Colonel Mateeka,

Lt Colonel Adam Wasswa,

Major Chris Bayingana,

Major Peter Bayingana,

Major Samuel Kanyemera Alias Kaka,

Major Paul Kagame,

Major Nduguteye,

Major Kale Kayihura du Bufumbira en Ouganda mais qu’on croyait être rwandais.

 

Il y a également d’autres officiers aux grades de capitaines ou lieutenants comme Ludovic Twahirwa, Musitu, Karangwa Bombi, Gashumba, Cyiza, Bagire, Ngoga, Muhire, Kaddafi, Nyamurangwa, Musana, Bigabiro, etc. La liste est très longue.

 

Ce qui était surtout critiqué dans les milieux ougandais c’est que les rwandais de l’armée ougandaise s’étaient attribués des postes stratégiques: les services des renseignements, les finances militaires, la garde présidentielle, la garde du Général Major Fred Gisa Rwigema, les chefs de bataillon, etc. Ceci avait créé des jalousies dans l’armée.

 

Donc, ceux qui ont décidé d’attaquer le Rwanda le 1er octobre 1990 n’avaient aucun autre choix parce qu’ils étaient très mal vus par les ougandais.

 

 

octobre 1990

 

Certains nient que les rwandais ont déserté l’armée ougandaise. Pourtant c’est la pure vérité. Ceci étant dit, les services des renseignements avaient fourni des rapports au Président Museveni au moment opportun. Mais étant donné que les rwandais occupaient des places stratégiques dans l’armée, les services de renseignement et étaient dans l’entourage immédiat du Président Museveni, certaines informations ne lui étaient pas transmises.

 

Ce qui est sûr c’est que entre le 1er et le 2 octobre environ 3000 combattants du Front Patriotique Rwandais ont traversés la frontière ougandaise et sont entrés au Rwanda.

 

Il faut dire qu’il n’est pas facile d’arrêter un tel nombre de combattants décidés à regagner leur pays d’origine, d’autant plus que les ougandais souhaitaient qu’ils partaient afin de reprendre leurs places.

 

 

erreurs commises

 

Le Général Major Fred Rwigema qui savait exactement comment il fallait diriger cette guerre, fut tué par ses hommes le deuxième jour de l’attaque. Mais ceux qui ont commandité son assassinat n’ont pas eu le courage de prendre immédiatement la direction du FPR pour éviter tout soupçon.

 

Après la mort du Général Major Rwigema, le Président Museveni envoya le Major Paul Kagame pour assurer la relève. Arrivé sur place, les militaires ne l’ont pas accueilli comme le Président Museveni le souhaitait ; ils n’ont pas hésité à lui rappeler ouvertement que c’est un vrai « Pilate », faisant référence au surnom qu’il avait dans l’armée ougandaise à cause de sa méchanceté.

 

Le Docteur Major Pierre Bayingana lui a dit ce qui suit en présence des combattants : « Tu es physiquement et mentalement inapte, comment peux-tu diriger les hommes ? »(You are physically and mentally unfit, how can you lead people ?). Il lui a dit de retourner dire au Président Museveni qu’il est inapte et qu’il ne peut pas diriger les combattants. Il continua en lui donnant le message au président Museveni : « s’il n’a pas confiance aux dirigeants actuels du FPR, il n’a qu’ à envoyer un militaire ougandais d’origine pour venir diriger la guerre ». Paul Kagame est ainsi retourné voir le Président Museveni .

 

Celui-ci l’ordonna de retourner sur le front avec une dizaine de jeeps, en compagnie du Général Major Salim Saleh et plusieurs militaires de la garde spéciale présidentielle.

 

Le jour où ils sont arrivés c’était la fin des jours du Docteur Major Pierre Bayingana, du Major Bunyenyenyezi et d’autres militaires qui étaient contre Paul Kagame.

 

Depuis lors, « afande » Kagame commença à mettre en place un long programme par la force et la répression car il savait très bien qu’il n’était pas aimé par ses troupes.

 

Ceci a eu pour conséquence d’avoir une armée dirigée par un homme qui n’a confiance en personne, quelqu’un qui contrôle tout lui-même, qui divise ses hommes pour pouvoir régner, bref une armée composée de groupuscules d’agents de plusieurs corps des renseignements, où celui qui ose dire le contraire de Paul Kagame est atrocement exécuté sur le champ en présence des autres pour leur faire peur.

 

Dans son plan de diviser l’armée pour pouvoir régner, Paul Kagame a mis en place une organisation où chacun était identifié par groupe. Il y avait 5 groupes appelés « positive » . On disait donc que quelqu’un appartient au groupe « positive 1 » ou « positive 2 », etc. jusqu’à « positive 5 ».

 

 « Positive 1 » était le groupe de ceux qui venaient de l’Ouganda. Ceux-ci avait la confiance totale du chef ; « Positive 2 » était formé de ceux qui venaient de Tanzanie ; « Positive 3 » est le groupe de ceux qui viennent du Burundi ; « Positive 4 » forme le groupe de ceux qui viennent du Zaïre, tandis que « Positive 5 » est le groupe des combattants qui viennent du Rwanda. Les membres de ce dernier groupe étaient moins considérés que les autres. Les chefs militaires qui venaient presque exclusivement de l’Ouganda n’avaient pas confiance en eux. Il fallait les observer pendant au moins deux ans avant de leur faire confiance.

 

Ces différents groupes s’observaient également au niveau de la hiérarchie militaire où 95% des dirigeants militaires venaient de l’Ouganda.

 

Le prétexte étant que les combattants venus de l’Ouganda étaient déjà entraînés depuis longtemps. Tout ceci n’était évidemment qu’un simple prétexte.

 

Ce qui était remarqué c’est que les erreurs commises par les combattants venus des pays francophones n’étaient aucunement tolérées. Leur punition était l’exécution pure et simple ( écrasement de la tête au moyen d’une petite houe, coup de poignard avec la baïonnette, etc.). Ceux qui avaient une diarrhée sanguinolente à cause des mauvaises conditions de vie, on les accusait d’être trop habitués à la vie facile (soft life). On disait alors : « Tuez ces chiens, ils ne sont pas utiles ». Ou alors on tirait sur leurs deux jambes. Bref, sur le front, celui qui était fatigué ou malade était tout simplement liquidé.

 

Ce climat fut atténué après la visite que Paul Kagame effectua au Burundi. En effet, lors de cette visite, les membres du FPR habitant le Burundi ont mis en garde Kagame en l’interdisant de tuer leurs enfants « comme des cochons ». Ils lui ont fermement dit que s’il n’a plus besoin des combattants venus du Burundi, au lieu de les tuer, il vaudrait mieux les renvoyer au Burundi pour qu’ils puissent continuer leurs études.

 

Par contre, les combattants venus de l’Ouganda ne recevaient que de simples punitions même si les fautes commises étaient beaucoup plus graves que celles de ceux venus du Burundi ou d’un autre pays francophones.

 

Revenant un peu sur la guerre déclenchée contre le Rwanda en Octobre 1990, dans son plan, le Général Fred Rwigema voulait faire passer les combattants du FPR par le Mutara et par le Parc de l’Akagera. Ceci pour éviter de tuer des civils innocents d’une part et d’autre part pour sensibiliser préalablement la population sur les raisons de la guerre déclenchée par le FPR. Etant donné son caractère plutôt paisible au contraire de celui de Paul Kagame qui est un sanguinaire, Fred Rwigema voulait prendre toutes les dispositions pour éviter que les civils ne soient pas victimes des combats.

 

Par contre, dans ses plans macabres, Paul Kagame argumentait qu’ il n y a pas suffisamment de vivres au Mutara car il y a peu d’habitants d’une part, et d’autre part, l’environnement écologique n’était pas favorable aux manœuvres militaires. C’est ainsi qu’il décida de faire passer les combattants dans la région montagneuse des communes du Nord du pays. Or cette région est habitée par une population en majorité hutu et donc hostile au FPR INKOTANYI qui était étiqueté vouloir ramener la féodalité dans le pays.

 

Dans les régions des volcans, plusieurs combattants du FPR ont perdu la vie. Mais cela n’émotionnait en rien Paul Kagame. Pour lui, ils devaient combattre ou mourir. Et c’est ce qu’il disait aux troupes chaque fois qu’il visitait les différentes unités.

 

 

 

QUELQUES CONSIDERATIONS SUR LA GUERRE

 

I .            de septembre 1990 au juillet 1991

 

C’est la période des attaques de diversion ici et là afin localiser les forces gouvernementales le long de la frontière. Ainsi là où les Inkotanyi attaquaient sérieusement, ils ne trouvaient pas beaucoup de résistance. Comme stratégie militaire c’était acceptable, mais ça s’est accompagné d’une violence inouïe, comme je vais le décrire en ce qui concerne la configuration de la zone du nord.

 

Les attaques qui ont eu lieu en commune de Muvumba, Kiyombe, Nkana, Rushashi, Kaniga-Gatuna et les environs se sont accompagnées d’une terrible violence : tueries sans distinction de populations entassées dans un endroit, viol et exécutions des victimes pour éviter qu’elles ne leur portent malheur, main basse sur le bétail et les autres denrées alimentaires de la populations avant de les chasser vers des endroits où ils allaient périr de faim, destruction des maisons pour aller vendre les tôles en Uganda, dynamitage des maisons afin de dissuader les propriétaires de revenir,…

 

Du côté des communes de Cyumba, Kivuye, Butaro, Nkumba, Kinigi, Mukingo et les environs, les violences étaient semblables à celles de la région du Mutara que je viens de décrire.

 

Il importe ici de souligner qu’une seule personne, Paul Kagame, était responsable de toute la stratégie et de la conduite des opérations. C’était lui qui jusque dans les moindres détails, planifiait tout et suivait tout. Les forces gouvernementales avaient érigé de fortes positions, de sorte qu’il était très difficile de les passer. Voici quelques exemples.

 

Au Mutara, les positions de Nyagatare, Rwempasha, Kangoma, Mabare, Mutojo, Bushara, Kabuga, Nyabihera, Gikagati, Karama, etc…étaient redoutées de tous les Inkotanyi.

 

Dans la région du centre, nous savions tous qu’il fallait contourner les positions de Gatonde, Kaniga 1&2, Mukono, et Kivuye. A Ruhengeri, les positions les plus solides étaient celles de Nyamicucu, Butaro-Runaba, Rwabutama, Kinyababa, Ku Muremure, Kagano Bisate, ainsi qu’en d’autres lieux comme Ruhengeri et Kinigi.

 

Chaque fois que nous tentions d’attaquer ces positions nous étions repoussés et mis en déroute. Toute notre frustration se retournait contre la population des alentours. Certaines des mesures de représailles contre ces populations consistaient à les forcer d’évacuer nos blessés et cadavres, le creusement des tranchées où ils allaient être ensevelis, l’organisation du bétail razzié.

 

Chaque fois, on les obligeait jusqu’à s’entretuer. Les derniers étaient exécutés par un de nos éléments. Autrement on les enchaînait par les bras et les jambes et on les achevait à coup de « AGAFUNI » ( une manche de houe usagée) sur la tête, ou alors par des coups de couteau dans les côtes jusqu’à ce que mort s’en suive. Tous les prétextes étaient bons pour tuer ces villageois, jusqu’à leur demander le « secret du MRND », les secrets de l’armée, et d’autres questions dont ils n’en savaient rien évidemment. Après tous ces forfaits, on retournait dans nos bases arrières en Uganda.

 

Le FPR a commencé à mentir à cette époque, il n‘a jamais reconnu une seule fois s’être rendu coupable de tels méfaits. Nous allions jusqu’à nier l’évidence même de nos opérations à partir de l’Uganda. La stratégie s’est poursuivie jusqu’à l’invasion de la RDC, car on n a jamais reconnu que l’APR se trouvait sur le territoire congolais.

 

II.                   de juillet 1991 à juin 1992

 

C’est à ce moment que l’APR a commencé à essayer d’occuper le terrain le long de la frontière, du Mutara vers la région des Birunga. Ce fut possible à certains endroits alors qu’ailleurs ce ne le fut pas. La où ce fut possible, c’était au prix d’une élimination systématique de la population et par l’exil des rescapés. Les autorités du régime de Habyarimana assemblaient ces rescapés dans des camps de fortune, sans nourriture suffisante, avec pour seule abri un « sheeting ». Ceux qui demandent comment le génocide a été possible devraient commencer par ici (1).

 

                La stratégie du FPR a été depuis le début d’attaquer les voies d’approvisionnements de l’ennemi. En termes militaires c’était défendable car cela permettait aux Inkotanyi dotés de moins de moyens que l’armée rwandaise, de n’effectuer que des attaques défensives, car il n’était pas possible de mener une guerre conventionnelle. Cette stratégie avait cependant un prix:

 

Contourner l’ennemi veut dire aller dans des zones habitées. L’APR n’avait aucune confiance en cette population qui s’en pressait d’aller les dénoncer aux forces gouvernementales. Dans ces conditions, tout villageois qui avait le malheur de croiser notre regard devait mourir car on n avait pas d’endroits pour le garder en prison. Chaque fois donc qu’on contournait les positions des forces gouvernementales, on avait ordre strict d’éliminer toute la population sans exception.

 

Le fait d’aller en profondeur dans le territoire ennemi exigeait de nous approvisionner sur place, sur la population locale. Si on les trouvait sur place, on les exécutait, sinon on détruisait les habitations et pillait tout : chèvres, poulaillers, vaches etc….

 

Il arrivait des fois où les inkotanyi avaient tellement pillé que chacun décidait d’abattre un animal et de ne prendre par exemple que le foie, la patte, le cœur ou une autre partie, de telle sorte qu’une vingtaine d’inkotanyi pouvait abattre 2 vaches, 3 chèvres et 10 poules ce qui était un gaspillage évident et une brutalité délibérée. Tous ceux qui connaissaient la situation économique d’un paysan rwandais, un hutu auquel on n’avait rien expliqué du FPR, qui voyait ses enfants tués, sa femme violée, son cheptel pillé, sa demeure détruite et qui se demandent encore comment le génocide a été possible devraient commencer leurs investigations ici (2).

 

A un moment les autorités locales donnèrent ordre à toute la population de dresser des chiens pour qu’ils aboient à chaque approche des inkotanyi. Même l’armée rwandaise les utilisait dans les campements. Quand les chiens se mettaient à aboyer, la population savait que les inkotanyi étaient arrivés et s’enfuyait. Mais comme on attaquait toujours les positions de l’armée par les arrières, la population qui croyait fuir les inkotanyi tombait en embuscade et se faisait massacrer par les inkotanyi, sous prétexte qu’elle était « ibipinga », des réactionnaires qui fuyaient pour aller dans la zone du MRND.
Je rappelle que chaque fois que le FPR attaquait les arrières des positions gouvernementales, il commençait par massacrer toute la population des environs pour sécuriser la zone en évitant toute fuite d’informations.

 

La pose des mines anti-personnelles, l’attaque systématique dans toute la région frontalière des autocars de transport public, jusqu’à miner les champs de patates douces pour que les villageois qui viennent chercher des patates sautent dessus et ne reviennent plus. Ceci est très sadique. Pour des paysans qui avaient été forcés de fuir les mains vides, en laissant derrière leurs bananeraies, leurs champs de manioc et de patates douces, leurs légumes, la tentation était quasi-permanente de revenir s’approvisionner. Certains revenaient même pour chercher de quoi s’habiller. Les combattants du FPR avaient reçu l’ordre de n’épargner personne qui tentait de revenir ainsi. Faire crever de faim un paysan en lui refusant l’accès à ses biens ne pouvait que conduire au génocide. Ceux qui cherchent l’origine du génocide devraient commencer par ici (3).

 

Les camps des déplacés de guerre étaient localisés dans des endroits bien connus: Rokomo-Rwebare (Muvumba). J’ai été témoin plusieurs fois d’attaques à la roquette sur ces camps. L’APR utilisait des mortiers 120 mm, des lances roquettes multiples 107 mm à Katyusha de Murangira et des fois des 23 mm, 37 mm et 14.5 mm mis à notre disposition par le Lt colonnel Kyakabale, commandant des opérations de la 2ème division ougandaise qui se trouvait en face. Tout cela pour bombarder des camps de déplacés de guerre !

 

A certains moments nous nous demandions franchement ce que tramaient nos dirigeants. Certains d’entre nous estimaient que la peine que nous avions déjà infligée à ces populations n’était pas suffisante pour que nous les bombardions encore à larme lourde. Ces camps tout comme ceux de Runaba, Nkumba, Muhondo et Muhambe étaient aussi utilisés pour tester des missiles anti-aériens. On envoyait des bombes éclairantes au-dessus de ces camps. Ceux qui apprenaient à manier ces armes anti-missiles visaient les camps comme cibles.

Des fois les bombes explosaient au milieu d’un camp et tuaient des innocents. Ceci a conduit la population à fuir les combats et de s‘éloigner le plus loin possible. Certains sont allés jusqu’à Nyacyonga dans la banlieue de Kigali, après avoir fui jusqu’à 20 fois pendant deux ans. Il arrivait rarement que la famille arrive complète à Nyacyonga, car à chaque fois, elle fuyait après le bombardement de leur camp, laissant derrière soit un enfant tué, une épouse, ou autre membre de la famille. Ceci explique aussi comment les gens en sont arrivés au génocide (4)..

 

III.           l’attaque de Byumba du début juin 1992 au 6 avril 1994

 

Ce fut la première opération pour tester si le FPR pouvait mener une attaque d’envergure en profondeur car avec les négociations qui progressaient, le FPR devait s’affirmer comme une force solide, pour monnayer cela sur la table des négociations, par une pression militaire de plus en plus croissante.

 

Je rappellerai que chaque fois qu’il y avait des négociations, Paul Kagame n’a cessé de dire à ses troupes que ces négociations ne servaient à rien. Il répétait tout le temps qu’il fallait arriver à Kigali au bout du fusil (mtutu wa siraha). Ces attaques d’envergure nous ont conduit jusqu’à Rukomo près de Byumba, sur la route vers Kigali. Ailleurs comme en commune Mukarange, Buyoga, Rushaki, une partie de Ngarama, Cyumba et Kivuye, la situation était pareille. Les paysans qui n‘ont pas pu fuir à temps étaient massacrés.

 

Il sied de s‘arrêter ici un moment car ce fut une autre bourde du FPR. Le FPR est retourné en Uganda chercher la population locale pour venir prêter main forte pour récolter les cultures laissées par les déplacés de guerre rwandais. Le FPR disait en même temps à ces populations ougandaises que c’était une occasion de s’accoutumer au Rwanda, car ils allaient tôt ou tard occuper ces terres abandonnées. La rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre en Uganda jusqu’aux déplacés de guerre eux-mêmes. A ce moment tout ce qu’on leur avait dit, que les Inkotanyi en voulaient à leurs bien, leurs terres, qu’ils voulaient restaurer la monarchie, que les Hutu seraient soumis de nouveau au servage et reprendraient les travaux forcés, tout cela devenait crédible. Ce facteur montre aussi comment il y a eu une telle escalade de la haine ethnique, jusqu’à ce que les Hutu se sont entraînés dans le génocide (5).

 

C’est au cours de cette phase que le FPR a commencé à croire qu’il pouvait mener une attaque d’envergure et occuper de façon permanente du terrain au Rwanda. Afin que cela soit possible, le FPR avait besoin de faire une autre opération militaire encore plus ambitieuse. Mais il fallait une excuse solide.

 

Premièrement les négociations avaient commencé et un cessez-le feu avait été décrété. Le FPR ou pour être plus exact, Paul Kagame a commencé à épier la moindre occasion et à planifier comment reprendre les hostilités malgré la poursuite des négociations. C’est ici que remonte l’idée d’une force occulte qui travaillerait sous la seule responsabilité de Paul Kagame en collaboration avec ses lieutenants comme Kayumba Nyamwasa, James Kabarebe, et Kayonga Charles. Cette nouvelle unité changeait d’appellation en fonction du temps. Certains des noms étaient Network, Network Commando, ou les Techniciens, ou même les Commando CDR.

 

Ces noms se référaient à groupuscules, ai lieu de leur opérations et à leur raison d’être. Par exemple, ceux qui opéraient au sein du parti CDR s’appelaient les « Commando CDR ». Ceux qui coupaient le bois dans les camps militaires de Habyarimana, les enfants de la rue à Kigali, les agents de ménages chez les grandes autorités s’appelaient les « Techniciens ».

 

Ce qu’il faut retenir, c’est que l’unité « Network » était constituée de façon assez complexe, au point que même ceux qui la composaient ne se connaissaient pas, à l’exception de ceux qui avaient fait une formation ensemble ou qui faisaient partie d’une même unité.

En mettant en place cette force spéciale, l’objectif était :

 

1. Utiliser cette unité à des fins de déstabilisation du pays de façon à attribuer ses forfaits au gouvernement et reprendre les hostilités.

2. Poser des bombes ici et là dans le pays de façon synchronisée

3. Mettre en place des cellules clandestines du FPR à l’intérieur du pays, former des complices du FPR et procéder au recrutement, empoisonner l’eau potable des déplacés de guerre, faire des opérations de reconnaissance derrière les lignes ennemies etc…

4. Préparer des attaques ciblées parmi les gens que le FPR redoutait

 

Ensuite, il y a eu l’attaque du 8 février 1993 pour tester la force du FPR avant d’aller à Kigali, d’évaluer les résultats du « Network » et les prétextes pour reprendre les hostilités en dépit de la poursuite des négociations.

 

Il y eut encore de terribles massacres. Je me rappelle que là où je me trouvait à Ruhengeri, il y eut des massacres en février 1993 à Base au point que malgré l’incinération des corps et l’enterrement de nombreux autres, les corps ont pourri à même le long de la route à l’intérieur de Base, jusqu’à ce que le GOMN (Groupe d’observateurs militaires neutres) est arrivé et nous a demandé si on n ‘avait pas honte d’enjamber sans scrupules les corps des gens. On a alors appelé les rescapés pour procéder à l’enterrement de ces cadavres et tout de suite après le départ du GOMN, ceux qui avaient enterré ces cadavres furent à leur tour massacrés. C’est ici aussi que commença le sabotage systématique des infrastructures économiques, comme le sabotage de la centrale de Ntaruka, le plasticage de la maison de Rucagu, ainsi celle de chez le colonel Gasake en commune de Nyaritovu, Cyeru et Nyamugari. On ne peut pas par exemple oublier les horreurs faites par Charlie dans la ville de Ruhengeri. Les gens savent aussi ce qui s’est passé à Musanze, à l’usine ETIRU, à Karwasa, Kigombe et Kinigi, tous les habitants de la région en sont témoins. Qui ne sait pas ce que les inkotanyi ont fait à Ngarama, Buyoga et ailleurs?

 

 

INTERAHAMWE, IMPUZAMUGAMBI, RTLM

 

Kagame avait eu l’idée de faire capoter les négociations et d’attaquer Kigali, Habyarimana voulait affronter ceux qu’il appelait les ennemis du pays, pour nous étions pour lui. Il a fondé des milices qui se comportaient comme des militaires, qui étaient entraînées et encadrées par l’armée, la police communale, la gendarmerie et des services même de la présidence. Cette jeunesse qui allait finir par faire l’innommable était partout dans le pays.

 

Cependant, tout le monde n’avait pas la même fureur dans le massacre des Tutsi. C’est une chose que les gens doivent savoir, parce que c’est la réalité. Quiconque était au Rwanda à cette période pourrait en témoigner.

 

Au début de l’action des Interahamwe, ils lancaient des attaques au Bugesera, Kibirira et Bigogwe. Les assaillants étaient chaque fois transportés dans des autocars de l’ONATRACOM en provenance de Ruhengeri ou de Byumba et étaient composés de déplacés de guerre. Certains ont été démoralisés, et sont devenus comme des animaux sauvages à cause du harcèlement de l’APR. Les autres Interahamwe hutu ne comprenaient pas comment ces jeunes gens avaient poussé la bestialité jusqu’à tuer des gens comme des mouches, tellement ils en étaient écœurés.

 

Beaucoup d’endroits qui ont été attaqués avant le génocide l’ont été par cette jeunesse poussée à la méchanceté d’un côté par le gouvernement de l’époque et de l’autre par les exactions du FPR. Pour celui qui voudrait connaître les racines du génocide, il y a ici matière à considération(6)

 

En fait, le MRND faisait ce que le FPR souhaitait. Parce que quand le MRND entraînait les Interahamwe, le FPR trouvait un moyen de faire exploser des bombes, et d’en rendre l’Etat responsable. De cette manière, il trouvait une justification à la guerre, d’autant que la communauté internationale incriminait Habyarimana. Je ne nie pas que ces Interahamwe ainsi que d’autres extrémistes faisaient exploser des bombes. Pour le FPR, l’occasion était toute trouvée d’entraîner des commandos qui allaient travailler pour le réseau (NETWORK), ainsi lors des négociations, on en profitait pour nous entraîner. Dans la seule année 1993, le FPR a pu former ses hommes dans les aspects suivants :

 

Il a entraîné deux grandes unités de commandos et de nombreuses petites unités.

Il a entraîné plus de 400 militaires destinés à être des GD.

Il a organisé plus de 4 sessions différentes d’instructeurs. C’était en prévision qu’en cas de guerre, chaque unité ait suffisamment d’instructeurs pour former rapidement de nouveaux soldats.

Il a formé presque tous ses officiers au commandement et au leadership.

Il a suffisamment entraîné des hommes à la guérilla urbaine dans chaque unité militaire.

Il a très sérieusement entraîné les militaires à de longues marches, avec des réserves de munitions et de bombes pour plusieurs jours, en attendant un approvisionnement.

Il a formé ses soldats à « la vraie histoire du Rwanda ». En réalité, cette histoire ne montrait pas les divisions, mais avait pour objectif d’inculquer dans l’esprit des militaires que la meilleure solution était le renversement de Habyarimana et de sa clique. Ainsi le FPR pourrait prendre le pouvoir.

 

Ce qui précède a une grande importance, parce qu’à aucun moment les militaires ont eu à l’esprit que la paix pouvait venir d’Arusha. En réalité, il n’y avait pas de différence entre le FPR et les milices du CDR, MRND et POWER.. La seule différence est que le FPR et ses hommes ne disaient pas ouvertement ce qu’ils pensaient. Du côté de l’Etat, on le disait ouvertement à la radio et dans la presse, et le refrain se répandit que les accords étaient de la paperasse, qu’ils étaient comme un chien pourri.

 

Dans cette période de la guerre, le FPR/APR a pu atteindre des objectifs lui permettant de tendre des pièges à Habyarimana, à tel point que chaque forfait qu’il (le FPR) commettait, il lui était possible de rendre le pouvoir en place responsable.

 

Dans la période qui a suivi la signature des accords, il y avait deux hommes, Habyarimana et Kagame, deux généraux, deux ennemis jurés, craignant l’élimination physique mutuellement.

 

A un moment donné, le FPR s’est rendu compte qu’en créant le chaos, il pouvait renverser le pouvoir en place; mais en même temps, il avait peur de la pression internationale qui pouvait le presser d’intégrer le gouvernement. Les deux antagonistes, le FPR aussi bien que les extrémistes de Habyarimana, redoutaient cette éventualité, aucun ne croyait dans le partage du pouvoir comme solution. C’est pourquoi chaqu’un de son côté avait prévu un plan caché, au cas où la coexistence était imposée qui aboutirait à faire échouer le processus. Voici ce qui a été préparé des deux côtés :

 

 

du côté gouvernemental :

 

la mise sur pied de ce qu’on a appelé « défense civile », qui n’avait d’autre objectif que la distribution d’armes dans la population ; chaque cellule et chaque secteur du pays devait contribuer la création du chaos dans le pays.

 

la création de milices armées qui rejetteraient tout ce qui aurait été signé, même par Habyarimana lui-même. Ces milices étaient prêtes à passer à l’action le moment venu.

la radio nationale et la RTLM ainsi que les petits journaux affiliés devaient diffuser la récusation de l’utilité des accords d’Arusha.

 

l’achat de matériel supplémentaire et en quantité suffisante devant être distribué dans la population.

 

des listes ont été dressées de personnes ayant des enfants ou des proches au sein du FPR/Inkotanyi, de celles qui étaient soupçonnées de propager l’idéologie du FPR, celles qui collectaient des fonds en sa faveur, les Hutu qui se comportaient comme des Tutsi, c’est-à-dire ceux qui soutenaient la guerre déclenchée par les Inkotanyi pour que le moment venu ils soient éliminés. Personne ne connaissait le jour de leur mise à mort.

 

Ceci est diffèrent de ce qu’avance le FPR qui prétend que tous les Tutsi figuraient sur ces listes de la mort. C’est faux parce qu’en réalité si tous les Tutsi devaient être tués en même temps, cela voulait dire que chacun d’entre eux devait être tué par ses voisins. Et on se connaissait tellement bien entre voisins qu’il n’était pas nécessaire de lister les Tutsi car dès l’enfance on entendait dire qui était qui.

 

Ici, j’insiste sur le fait qu’avec ou sans la mort de Habyarimana, il y avait un plan bien connu de tuer des gens, et c’est ce qui s’est passé. Mis à part l’un ou l’autre chanceux, tous ceux prévus d’être tués sont morts dans les trois jours qui ont suivi la disparition de Habyarimana.

 

Du côté gouvernemental, j’affirme que Habyarimana de son propre gré ou sous la pression de son entourage a accepté que ces listes soient dressées, tout en sachant que le moment venu, ceux qui y figuraient allaient être tués.

 

Je ne peux pas oublier une chose importante : cette vie humaine qui est sacrée a été comme l’eau qui coule une fois que cela a été jugé nécessaire, surtout en défaveur des tutsi. Je veux dire que c’est arrivé à un point tel que Habyarimana et ses extrémistes habituent les hutu du CDR et les Interahamwe à l’idée que le sang est une chose ordinaire. Ils ont fait des essais à Kibirira, au Bugesera et au Bigogwe pour démontrer que verser le sang est faisable et ceux qui l’ont fait ont gardé leur sang froid. Ce point est très important, car comme je l’ai déjà dit, d’autres hutu sur les collines et dans les secteurs, et même au sein du MRND qui n’étaient pas des tueurs étaient très étonnés de voir ce que faisaient les Interahamwe et les Impuzamugambi. Certains s’opposaient à ces actions, ce qui provoquait des embrouilles entre partis. Nul n’ignore comment la jeunesse du MDR( Inkuba), du PSD (Abakombozi) et les « Libéral » du PL ont fait face aux agissements des Interahamwe. C’est ce qui s’est passé jusqu’au moment où Habyarimana divise tous les partis en ailes Power et Amajyogi. En un mot, ce sont les extrémistes qui ont initié leurs jeunesses à tuer. Ceci est une autre preuve que le génocide était inévitable (7).

 

 

du côté du FPR/APR :

 

Beaucoup de choses ont été faites qui préparaient l’extermination des Tutsi.

A cause de la surveillance de la frontière avec l’Uganda, le FPR a fait entrer à l’avance le plus de munitions possibles, pouvant servir pendant longtemps. Cela a été fait à la fin de septembre 1993, à divers endroits et ceci pour provoquer et tenir une guerre de grande envergure en vu de prendre le pouvoir. Par contre, ces munitions et matériel devait également servir une fois au Gouvernement, pour créer le chaos en vue d’une prise du pouvoir total. Pour celui qui veut connaître le travail du réseau ( Network), voici la preuve.

 

On a choisi des gens dont moi pour creuser de grands trous. Là où j’étais le trou avait 50 m x 30 m x 7 m. Nous y avons enfui des munitions et des bombes de toutes sortes: 7,62 mm, 11.5 mm, 12.7 mm, 14.5mm, 23 mm, 37 mm, 75 mm, 76 mm, 81 mm, 82 mm, 107 mm, 120 mm, 122 mm.

 

Ce matériel a été transporté par les populations Bakiga de l’Uganda qui les déposaient au sommet d’une colline à la frontière rwandaise où nous allions le chercher pour l’enterrer. Il a fallu plus de 1000 (mille) personnes pour transporter tout cela et une journée entière a été nécessaire. Ce matériel était arrivé à bord de très nombreux camions-remorques. Nous qui étions chargés de le garder savions que nous devions être exécutés à coups de houe si un seul parmi nous révélait le secret. Trois de nos soldats furent tués là parce qu’ils étaient allés acheter des cigarettes quelque part sans en informer le chef.

 

Kabarebe, Kayumba Nyamwasa nous dirent que si l’entrée au Gouvernement était incontournable, nous allions rester et habiter près de la cachette de ce matériel, du côté ougandais et du côté rwandais. On allait nous aider secrètement à y vivre jusqu’au moment où le matériel devrait être utilisé pour le renversement du régime.

 

On a fait la même chose à Karama au Mutara, Bungwe dans Cyumba et à un autre endroit entre Kaniga et Gatonde. En réalité, le but n’était autre que de créer le chaos et prendre le pouvoir. Cette action était connue de peu de personnes, comptables sur les doigts de la main : Paul Kagame lui-même, Kabarebe, son adjoint, Kayumba Nyamwasa le patron du renseignement, Colonel Ngoga au Nord, Colonel Bagire au Mutara, Major Jacob que nous appelions Rubondo qui était chargé du matériel militaire, ainsi que d’autres personnes qui pouvaient y accéder en compagnie de leurs chefs ou en mission. Ce genre de travail était accompli par des agents du FPR en qui on avait une grande confiance. Certains d’entre eux furent envoyés en reconnaissance dans Kigali avant la mort de Habyarimana.

 

Plusieurs soldats furent disséminés dans le pays. Ils avaient pour mission de poser des bombes, créer des cellules du FPR, apprendre le maniement des armes à ceux qui nous seraient utiles pendant la guerre, s’informer sur le fonctionnement de chaque parti politique, infiltrer la jeunesse des partis et se renseigner sur les personnes que le FPR voulait liquider.

 

Le FPR et ses cadres propagandistes (political mobilisers) ont pénétré dans la zone tampon où toute activité militaire était interdite, et ont commencé à propager leur idéologie. Pour moi c’était acceptable, mais ce qui ne l’était pas c’est que celui qui ne mordait pas immédiatement aux idées du FPR n’avait d’autre sort que l’exécution à la houe, souvent sa famille subissait le même sort.

 

Le FPR aussi a introduit dans sa stratégie des expériences qui consistaient à commettre des crimes dont il accusait le MRND afin de tester les résultats.

 

Le FPR tuait des gens pour les accuser, qu’il avait des comptes à régler avec eux. Dans ces meurtres, le FPR utilisait des techniciens (Network) ou une branche élargie parmi les agents de renseignement des unités et de leurs petits groupes de tueurs/ Il utilisait aussi certains des jeunes gens à qui il avait appris à utiliser de petites bombes à travers le pays.

 

Ceux qui devaient être tués étaient choisis de la manière suivante :

 

1.             Le Hutu qui travaillait bien pour le Gouvernement, bref celui qui aimait Habyarimana et son gouvernement ;

2.             Tout Hutu qui faisait preuve d’intelligence et d’obstination comme Gapyisi ;

Tout Hutu, opposant, dont la mort pouvait être récriminé au Gouvernement;

4.             Tout Hutu sur lequel les informations n’étaient pas suffisantes pour le tuer;

5.             Un militaire haut gradé si possible ;

6.             Aucun Tutsi né à l’intérieur du Rwanda n’inspire confiance ; de sa mort l’Etat peut en être facilement accusé et il ne sera pas considéré comme une perte (sacrifier les Tutsi de l’intérieur) ;

7.             Un intellectuel Tutsi qui n’adhérerait pas à l’idéologie du FPR, par exemple Lando qu’on a raté plusieurs fois ;

8.             Les Tutsi habitant à des endroits retirés et tués en même temps. Le MRND endosserait ce crime. Les soldats du FPR ont accompli ce genre de forfait à Kabatwa à Gisenyi, sous la direction de Gashayija Bagirigomwa, de l’agent de renseignement Moses Rubimbura. Ce ne sont pas des propos en l’air : cela s’est passé au début de 1994.

9.             Même après la guerre, le FPR a toujours choisi d’envoyer à la mort les Tutsi pour qu'ils aillent voler les richesses au Zaïre. Il n'est un secret pour aucun des militaires du FPR-Inkotanyi que les massacres des Bagogwe de Mudende et des Banyamulenge de Biura et d'autres localités se situent dans ce cadre (les preuves existent)

 

- Les « techniciens » de la Ville de Kigali (membres du Network) ont fait beaucoup de choses. Comme je l'ai mentionné ci-dessus, Network est réseau très étendu, il est composé de membres connus uniquement des autorités qui les sélectionnaient. Du reste chaque agent ne connaissait que son coéquipier. Si on croisait quelque part un autre Inkotanyi croyant que c'était un camarade confrère, il était formellement interdit de lui faire un signe puisqu'il avait sa propre mission différente de la tienne. En effet, nous avons été formés dans l'esprit que chacun ne doit s'occuper que de sa propre mission, seul et en fonction des consignes reçues de ses supérieurs. Concernant la politique de sélection, les membres du Network devaient remplir les conditions suivantes:

 

1.             Etre reconnu Tutsi de père et de mère et bénéficier d'une confiance totale de la part des sélectionneurs;

 

2.             Avoir une physionomie proche de celle des Hutus était un avantage puisqu'il ne fallait par trop se camoufler. Pour ceux qui avaient l'apparence réelle de Tutsi, ils devaient opérer à moto. Quand on craignait d'être soupçonné, on mettait son casque, on portait ses bagages à la manière des agronomes et on s'en allait tranquillement accomplir sa mission.

 

3.             La maîtrise de la géographie du Rwanda, surtout de la ville de Kigali, était un critère important pour être sélectionné puisqu’on pouvait intervenir dans plusieurs missions.

 

4.             Etre Hutu reconnu mais sans avoir jamais habité le Rwanda, avoir prouvé d'un courage exceptionnel à combattre les Hutu et ne pas avoir peur de tuer de sang froid.

 

5.             Etre Hutu reconnu, né au Rwanda. Ce Hutu recevait une mission bien définie dans un lieu spécifique pour lui. Il ne devait pas connaître les autres membres du Network envoyés pour opérer dans la ville de Kigali et il était surveillé de près par plus de cinq Inkotanyi – qu'il le sache ou non.

 

- Une mission était toujours personnelle et différente de celle de son confrère. Parfois on pouvait être affecté à une même mission sans pour autant se connaître; mais certains comportements et certaines consignes étaient connues de tous afin de pourvoir porter assistance dans les cas d'extrême urgence. Nous avions des jeunes gens chargés de jouer les motards ici et là dans les environs des endroits où se tenaient régulièrement les réunions des politiciens; des taximen, des domestiques dans les camps militaires ou chez les hautes autorités hutu; les petits mendiants dans les rues de Kimihurura; les porteurs; les infiltrés dans les groupes des miliciens Interahamwe, Impuzamugambi et Bakombozi; ceux qui opéraient dans la stricte clandestinité pendant les nuits et d'autres qui travaillaient comme des pompistes dans les stations d'essence. Le travail était tellement diversifié et bien préparé de telle manière que quand la guerre recommença, Kagame avait toutes les informations nécessaires pour déclencher l'assaut final.

 

Pour toute personne qui avait des compétences pour former d'autres agents, il lui était assigné la mission de recruter le plus grand nombre possible de collaborateurs internes mais des fois on ne devait pas connaître la vraie identité du formateur comme militaire du FPR-Inkotanyi. Il fallait plutôt être reconnu comme un simple citoyen sympathisant du FPR. Nous avions également la mission d'étudier les comportements particuliers des individus, de rédiger des rapports les concernant et d'estimer s'il fallait les liquider physiquement le cas échéant.

 

- Les objectifs du FPR furent atteints à partir du moment où les Accords nous autorisèrent l'établissement d'un bataillon de 600 hommes à Kigali. La sélection de ce bataillon a nécessité beaucoup de calculs car ce devait être une unité spéciale. Voici comment ça c'est passé:

 

                1.             Chaque unité devait choisir un militaire de confiance absolu et exceptionnellement courageux, qui se dépense jusqu'à la limite des capacités humaines, qui n'a pas fréquemment besoin d'un commandant, capable de se tirer d'embarras seul, tireur d'élite de haut niveau, bref un vrai spécialiste dans le maniement des armes et un militaire chevronné.

                2.             Les meilleurs commandos et espions militaires furent sélectionnés et bénéficièrent d'une formation spécifique nécessaire, les combats dans les villes furent bien maîtrisés de façon qu'ils ne prévoyaient rencontrer aucune résistance importante dans la prise de Kigali. On nous avait fait comprendre que chacun mourra un jour, que tous les risques sont possibles, que le courage est la première des armes, que l'objectif doit être de ne laisser aucune chance de victoire à l'ennemi.

                3.             Comme nous procédions normalement dans le commandement militaire, les Sergents et les Caporaux avaient aussi des soldats à commander à l'échelon d'un Section. Mais pour le 3ème bataillon des Inkotanyi ce n'était pas le cas: les Sergents et les Caporaux étaient regroupés dans une Section et commandés par un Sous-Lieutenant ou un Sergent reconnu pour avoir les mêmes compétences que les officiers. Ici je veux surtout dire que c'était une force autonome et efficace d'elle-même, n'ayant pas besoin de beaucoup de consignes à recevoir d'en haut et où chaque soldat pouvait prendre des initiatives et exécuter correctement sa mission.

                4.             A part une formation cartographique de la ville de Kigali, nos soldats se relayaient pour l'escorte des convois afin qu'ils puissent avoir l'occasion de visionner personnellement tous les quartiers de la ville de Kigali et des agglomérations alentours.

 

- Concernant le Network qui était déjà opérationnel dans Kigali et qui travaillait directement avec le haut commandement à Mulindi, la façon de travailler changea un peu avec l'arrivée des 600 militaires à Kigali: toutes les activités furent mises sous le commandement du Lt Colonel Kayonga. Mais, avant que Kayonga ne vienne s'installer à Kigali, chaque fois que c'était possible, toute information urgente passait par Karake Karenzi qui représentait le FPR au sein du GOMN d'abord et de la MINUAR ensuite.

 

En vérité, c'est à partir du moment où les 600 militaires du FPR furent installés à Kigali que nous étions convaincus que, quelles que fussent les circonstances, Kigali nous appartenait et que nous allions éventrer tous ces Hutus de Habyarimana. Quand le Col Bagosora disait qu'il allait préparer l'apocalypse, il ignorait que le FPR était aussi entrain de préparer le sien et qu'il était tout près du but.

 

- Quand nous observions le désordre parmi les forces gouvernementales; quand nous constations comment la ville -- malgré la présence des Interahamwe, des militaires et des gendarmes -- n'était pas du tout protégée, nous avions hâte de nous en emparer. Mais tout le monde savait que, même si la prise de la ville de Kigali était possible, cela devait occasionner des conséquences désastreuses. De nos agents qui étaient infiltrés un peu partout parmi la population, au sein des partis politiques, parmi les Interahamwe, dans les meetings des partis politiques, il ressortait que la plupart avaient espoir dans les Accords d'Arusha, MAIS parmi les irréductibles (les durs du régime) Arusha était comme un rêve. En fait, on remarquait que des deux côtés il ne restait que le recours au plan A, celui de relancer les combats, puisque le plan B était un secret pour chaque partie au conflit, secret qui serait dévoilé quand le processus d'intégration aura abouti, le tout devant éclater quand le FPR sera installé dans le pays. Les plus avertis pouvaient constater que quelles que soient les circonstances, la guerre allait reprendre et qu'elle sera sans merci, faisant des millions de victimes parmi la population civile.

 

 

FPR AMENAIT LE GOUVERNEMENT LA OU IL VOULAIT

 

                Pour que les combats reprennent, il fallait qu'il y ait des prétextes, un espoir d'une victoire rapide, c'est-à-dire en passant par la voie la plus rapide.

 

explication

 

Après avoir semé la zizanie et le discorde parmi les partis politiques de façon que ceux affiliés au FPR se séparent des durs irréductibles du Power, le FPR venait de casser en deux la force des Hutu, y compris au sein de l'armée même si les militaires n’étaient pas autorisés à adhérer aux partis politiques ouvertement. Le fait est que ces forces armées ne pouvaient pas se battre efficacement sans parler un même langage. Il y en a qui croient que c'était du ressort exclusif de Habyarimana mais ce n'était pas le cas. Son influence n'allait pas partout, certainement pas à ceux qui ne le soutenaient pas même s’ils n’étaient pas pour autant d'obédience FPR. Le FPR ne les appréciaient pas du tout et ne souhaitait pas non plus qu'ils se rangent de son côté. Par contre le FPR avait intérêt à les voir opérer dans le sens qui renforçait ses chances de reprise des combats.

 

Après les assassinats de certains responsables de différents partis politiques et les échecs pour l'élimination d'autres, le FPR attribuait ces faits au parti MRND. Mais des fois le MRND et le CDR étaient réellement les vrais commanditaires de certains assassinats. Ainsi, l'Etat restait seul responsable aux yeux du public qui considérait que le désordre était provoqué par les autorités en place qui refusait la mise en place d'un Gouvernement d'Union prévu par les Accords d'Arusha. Ce piège du FPR a fait mouche et l'Etat fut continuellement accusé comme étant le seul responsable de cet état de choses sans que le FPR fut soupçonné. En vérité si nous revenions aux exactions commises par nous les INKOTANYI, dans les zones que nous contrôlions, et toutes les atrocités faites aux populations innocentes originaires des régions au Nord du pays, il était très difficile de dissocier les actions des Inkotanyi et celles des Impuzamigambi.

 

Par la suite, les irréductibles de Habyarimana, même si on ne devrait pas avoir peur de signaler que la majorité des proches du Président (Akazu) étaient originaires du Nord, trouvaient qu'il n'y avait aucune raison de s'opposer à la participation du CDR dans la gouvernance du pays alors que ce parti était une création et un outil du MRND. Ce n'était pas concevable que le FPR et son armée APR participent à la gestion du pays alors qu'ils étaient aussi des criminels comme nous l’avons vus dans les pages précédentes. En fait, les raisons avancées aussi bien par le FPR que par Habyarimana pour refuser la mise en place des institutions n'étaient que des prétextes que les gens ordinaires étaient incapables de s'expliquer. Ce qui est dommage, c'est que dans l'ensemble on n’est pas arrivé à prouver aux yeux du public que le FPR était une armée de criminels, que ses forfaits étaient bien camouflés et secrets et qu'il les faisaient endossés par le MRND et l'Etat.

 

La différence entre les actions de l'Etat et celles du FPR réside dans le fait que le FPR recourrait aux services des professionnels bien entraînés, qu'il ne criait pas tout haut ses exploits et qu'il ne tolérait pas que les observateurs indépendants viennent fourrer leurs nez dans ses affaires. L'Etat, par contre, utilisait les Interahamwe drogués au chanvre et leurs actions étaient commentées victorieusement par la radio RTLM et tous les journaux soutenus par le régime de Habyarimana.

 

 

POURQUOI LES CRUAUTES FAITES DANS LES ZONES CONTROLEES

PAR LE FPR N'ETAIENT PAS CONNUES

 

                Les principales tricheries qui ont été utilisées par le FPR et qu'il va toujours utiliser, c'est qu'il nie ce qu'il a fait, quitte à les avouer quand il considérera que ça ne constitue plus un danger pour sa politique. Pendant toute la durée de guerre, le FPR n'a autorisé la visite des journalistes dans sa zone de contrôle que quand il était sûr qu'ils n'étaient contre sa visée politique de guerre. Quant aux autres journalistes, c'étaient ceux qu'il payait lui-même pour sa propagande comme le nommé Hussein Abdou Hassan de la BBC. Personne ne savait s'il s'agissait d'un Inkotanyi ou d'un journaliste d'une Radio aussi respectable comme la BBC. Pour faire visiter les journalistes dans sa zone de contrôle, le FPR les invitait quand il voulait, les conduisait là où il voulait, et même les prévenait qu'il y avait des mines cachées ici et là, que les combats font rage de ce côté-ci, bref le journaliste était orienté dans une voie bien préparée longtemps à l'avance. En général on les faisait visiter le long de la frontière et non à l'intérieur du pays. Ainsi les journalistes croyaient faire une longue distance à travers le pays alors qu'ils ne dépassaient même pas 1 km de la frontière et une fois fatigués, ils étaient logés sur place.

 

Cette supercherie a longtemps alimentée la propagande du FPR sans que personne ne fréquente ses charniers.

 

L'autre point positif des actions des Inkotanyi par rapport à celles de l'Etat, c'est que le FPR brûlait les corps de ses victimes et les cendres étaient transportés et dispersés loin des lieux des massacres de façon qu'il n'était pas facile d'identifier les personnes massacrées. Mais nous connaissons plusieurs endroits où les massacres des populations ont eu lieu. En aucune occasion on ne pouvait surprendre les Inkotanyi car il fallait avoir une autorisation pour pénétrer et se promener dans la zone qu'ils contrôlaient.

 

 

LA CRUAUTE UTILISEE PAR LES INTERAHAMWE

A ETE PROVOQUE PAR LES INKOTANYI.

 

Toute mort fait peur, mais je me contenterai d'invoquer les morts perpétrées des deux côtés. Il s'agit de ce que j'ai vu de mes propres yeux, que ce soit l'œuvre du FPR ou celle de l'Etat via ses durs des services de sécurité.

 

DU COTE DES INKOTANYI qui ont été les premiers à commettre des crimes de guerre à partir du 4-10-1990 après la mort de Rwigema survenue en date du 2-10-1990. Je parle de Rwigema puisque lui n'aurait pas toléré qu'une armée commandée par lui massacre des populations civiles aussi atrocement et inhumainement en utilisant les méthodes suivantes:

1.                            Attacher les jambes à part, les bras attachées dans le dos et tirer jusqu'à ce que la poitrine éclate et fasse un bruit sec, mettre le supplicié à genoux, lui frapper avec un bout de la houe usagée en pleine tête. La victime tombe ainsi par terre et on continue à marteler la tête jusqu'à ce qu'elle soit réduite en une sorte de motte de terre écrasée.

2.                            Attacher la victime comme décrit ci-dessus, la transpercer de plusieurs coup de couteau dans les côtes, ou poser un pied sur son ventre et appuyer très fort tout en la transperçant à l'aide d'une baïonnette.

3.                            Attacher une personne et lui couvrir la tête d'un sachet en plastique jusqu'à ce qu'il manque d'air et meure.

4.                            Attacher une personne et, à l'aide d'une seringue, lui introduire de l'essence dans les deux oreilles après quoi on lui claque des gifles simultanées dans les oreilles. La victime est immédiatement prise de vertige et finit par mourir.

5.                            Enrouler une corde autour du cou d'une personne, le faire coucher par terre et serrer la corde jusqu'à l'étrangler complètement.

6.                            Attacher très fort les jambes et les bras, suspendre la victime sur un poteau la tête vers le bas. De cette façon son sang jaillit des oreilles, de la bouche et du nez jusqu'à ce que mort s'en suive.

7.                            Quand on cherchait à retirer des informations de quelqu'un, on le torturait et il finissait par désirer la mort: le transpercer de coups de couteaux, le brûler à petit feu à l'aide d'un bidon en plastique que l'on allumait en faisant tomber sur lui des gouttes brûlantes, le piquer le sexe avec des aiguilles – des fois on prenait un homme et sa sœur, ou un homme et sa femme, ou un enfant et sa mère et on les obligeait d'avoir des relations sexuelles tout en déclarant qu'ils ont une parenté très proche,…

8.                            S'il arrivait que des victimes soient tuées par balles ou grenades, c'était uniquement parce que les bourreaux n'avaient suffisamment de temps pour les torturer. Les autres victimes qui avaient le privilège d'être tuées par balles étaient les femmes et jeunes filles qui se faisaient d'abord violer par les Inkotanyi; ainsi ces derniers se croyaient protégés contre la mort sur le champs de bataille. Et pourtant, malgré qu'un tel comportement était sévèrement puni par l'application du règlement, il a été régulièrement commis par les combattants du FPR. A de rares femmes qui survivaient à leurs viols, elles ne pouvaient pas savoir que leurs malfaiteurs ont été punis, elles pensaient tout simplement que cette pratique était tolérée par les Inkotanyi. Une autre pratique inhumain que je ne peux pas passer sous silence - même s'il était sanctionné aussi - concerne les Inkotanyi qui, après avoir violé des femmes, introduisaient dans les organes génitaux de leurs victimes des couteaux ou des troncs d'arbre jusqu'à ce qu'elles meurent.

9.                            Pour tuer des enfants les soldats du FPR ne perdaient leur temps: il suffisait de prendre le bébé par les jambes, le balancer énergiquement et fracasser sa tête contre le mur d'une maison. Ceci occasionnait la mort instantanée de l'enfant.

10.                          Je ne connais aucun cas où les Inkotanyi auraient éventré une femme enceinte tel que rapporté par les Radios Rwanda et RTLM. Si de tels cas ont existés, j'en ignore personnellement. Par contre, ce que je peux affirmer c'est que pour de tels cas, nos militaires donnaient des coups de genoux au ventre et dans les côtes et les étouffaient ensuite à l'aide des sachets en plastique. Car, je ne sais pas où les Inkotanyi ont puisé cette croyance, ils prétendaient qu'une femme enceinte ne meurt pas facilement d'un coup de massue ou qu'il lui prend du temps pour mourir.

 

 

DU COTE INTERAHAMWE, les techniques ne diffèrent pas beaucoup de celles pratiquées par le FPR, à part que les armes utilisées n'étaient pas les mêmes.

 

Ils utilisaient la machette pour tuer une personne, si possible de la tête jusqu'aux pieds.

2.             Des gourdins renforcés de clous ont été utilisés pour casser d'un seul coup la tête d'une victime.

3.             Des grenades étaient utilisées pour les exécutions de masse.

4.             Ils tuaient les enfants de la même façon que les Inkotanyi.

5.             Des filles étaient liquidées après avoir été violées.

6.             Ils éventraient des femmes enceintes, je l'ai vu moi-même.

7.                            Ils obligeaient des personnes d'une parenté proche à l’inceste.

8.             etc…Et d'autres atrocités prises des pratiques des Inkotanyi.

 

 

LES DEUX ETHNIES ont REPONDu A L’APPEL AU GENOCIDE

 

CÔTÉ DES HUTU

 

Il est triste et malheureux que les Hutu aient trempé dans les massacres d’une telle ampleur. En réalité, les véritables témoins du génocide sont ceux qui l’ont perpétré et nous aussi, Inkotanyi, qui sillonnions tout le pays de conquête en conquête.

 

J’affirme ici -- même s’il en subsiste peu de témoins directs et que les survivants se cachent – que les Hutu ont coopéré à cette macabre entreprise d’extermination des Tutsi. Cette coopération va du Président de la République jusqu’aux enfants à bas âge.

 

                Celui qui nie cette réalité s’écarte volontairement de la bonne piste même s’il s’estime totalement innocent. Il serait certainement à récompenser pour avoir refusé l’innommable mais il ne peut pas se forger une intime conviction que les Hutus n’ont pas pris part au génocide.

 

L’extermination des Tutsi a été ainsi orchestrée par l’appareil étatique à tous les échelons du pouvoir, supervisée par les services de sécurité et réalisée également par toutes les milices à tel point que la volonté d’extermination d’une éthnie s’avère prouvée tant dans ses dires que dans sa reconnaissance aujourd’hui.

 

CÔTÉ DES TUTSI

 

Les Tutsi n’ont jamais entrepris d’exterminer les hutus. C’était d’ailleurs impossible vu leur force et leur nombre.

 

Il en va autrement en ce qui concerne les INKOTANYI du FPR. En liesse, les militaires du FPR massacraient la population parce qu’ils exécutaient ainsi l’ordre de leur chef Paul Kagame. Ici, je dois rappeler que Kagame a donné cet ordre suite aux rapports des champs de bataille qui confirmaient notre impossibilité de conquérir les zones habitées. En effet, la population nous huait et effectuait des rondes de nuit pour nous traquer. Elle était en outre encouragée à élever des chiens qui nous rappelaient de loin pour alerter ainsi les militaires du gouvernement et la population qui sortait des maisons pour se cacher.

 

Selon Kagame, quelques Hutu que comptait le FPR l’avaient convaincu que la politique du MRND ne pouvait pas être déracinée de ses têtes des “ABAKIGA” (gens du Nord) par de simples tracts ou par nos réunions politiques parce qu’ils refusaient d’y participer. Kagame formula ainsi son ordre : “ FYEKA HAWO WAJINGA WOTE” (balayez tous ces imbéciles). Kagame prononça ces mots pour la première fois en décembre 1991 en visite à l’Unité (Unit) militaire appelée « Yankee combined mobile force » à Gikoba, commune Shonga à Muvumba. Cette région militaire comptait alors les unités (Units) suivantes: Zulu, Nkurumah, Bravo, Mike, Sierra, … Toutes ces unités avec « Combined mobile force » étaient de part et d’autre de l’endroit où se trouvait Yankee à l’époque.

 

Par conséquent, il ne serait pas raisonnable que les tutsis répondent des crimes commis par les seuls militaires du FPR dont la plupart ignore d’ailleurs les arcanes. C’est ce qui explique mon agacement parce que je ne comprends pas comment dans tout le pays les Hutu se sont fondés sur ces crimes du FPR pour exterminer une ethnie.

 

Grosso modo, les Hutu , sous l’administration du pouvoir en place à tous les niveaux, ont exterminé les Tutsi. Ceux qui s’y sont opposés méritent d’être remerciés.

Les Tutsi du FPR, je parle des militaires, ont massacré les Hutu à grande échelle, le plus grand nombre possible. Pour être clair, les Tutsi du FPR ont tué tout Hutu disponible ou celui dont la belle occasion s’est présentée. Ce crime ignoble a été commis par environ 23000 militaires du FPR. Certains le faisaient parce que c’était un ordre du chef, d’autres par le simple plaisir de tuer, et tout cela parce que c’était un droit, une autorisation émanant d’un seul homme : Paul KAGAME.

 

 

Les raisons de reprise de la guerre

telles que fomentées par le FPR

 

Ce point est crucial pour comprendre comment le génocide a été rendu possible, tout ce qui a été manigancé pour l’accélérer afin que le FPR ait des raisons de reprendre la guerre, d’espérer une victoire militaire rapide dans un véritable raccourci.

Ceci était la stratégie habituelle de Paul Kagame chaque fois qu’il devait justifier la reprise de la guerre en 1992,1993 et 1994: montrer à la communauté internationale que le gouvernement tue les gens et ne respecte pas les droits de l’homme. Pour y arriver, Kagame assassinait des hommes politiques ou les Tutsi et pointait vers le MRND. Ceci ne blanchit pas le MRND qui le faisait aussi des fois. Une victoire militaire du FPR ne pouvait être possible qu’avec peu de soldats gouvernementaux au front. D’où la stratégie du FPR de semer la zizanie dans le camp gouvernemental en divisant les Hutu et en distrayant les militaires du gouvernement alors que Kagame voyait le route peu à peu s’élargir vers le pouvoir.

Ce plan requérait un raccourci: semer les troubles en tuant HABYARIMANA et en sacrifiant sciemment les Tutsi de l’intérieur.

 

Par ailleurs, pour que la victoire soit possible, l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) devait exécuter le plan de Paul Kagame suivant: Tout faire pour faire tremper les militaires gouvernementaux dans les massacres et les viols. Nous ne devions pas nous écarter de notre seul et unique objectif: conquérir le pouvoir. Il était hors de question de sauver les Tutsis menacés de mort. Nous avions les instructions de ne venir en aide qu’à ceux qui par chance se trouvent à notre passage et non au-delà.

 

NOUS, en tant qu’enfants qui avaient évolué au Rwanda et où nous avions de la famille, nous avons été écœurés par l’attitude de Paul Kagame dans ce qu’il appelait “arrêter le génocide” dans le seul dessein de tromper la communauté internationale. Nous nous sommes même demandés si la thèse répandue par Kagame, selon laquelle il n’y pas de Tutsi au Rwanda. Même ceux qui y ont l ‘apparence ne le sont pas parce qu’en réalité ils ont épousés un comportement et des idées hutu, -- n’était pas en train de se mettre en pratique.

 

 

6 avril 1994 : Assassinat du Président HABYARIMANA

 

Mise au point : Je parle du FPR mais en réalité il existe deux “FPR”: le FPR officiel d’Alexis Kanyarengwe (Chairman) et le FPR parallèle de Paul KAGAME, opérationnel et efficace qui opère dans les salons.

 

En assassinant le Président Juvénal HABYARIMANA, ce FPR parallèle visait:

 

En dehors du Président Habyarimana, il n’y avait pas de leader consensuel capable de mobiliser les gens contre le FPR. Il était en effet difficile dans le contexte politique d’avril 1994 de trouver quelqu’un qui avait une base politique suffisante et qui en même temps avait une mainmise sur l’armée. Une personnalité au quelle l’armée régulière obéissait. Sur le plan diplomatique, il était également difficile d’en trouver un qui soit à même de maintenir les relations et les aides dont bénéficiait Habyarimana qui comptait notamment beaucoup de chefs d’Etat parmi ses amis personnels. Je n’accepte pas la thèse selon laquelle la majorité de la population n’aimait plus Habyarimana parce que nous avons vu ce qu’ils ont fait à sa mort. Sa succession s’annoncerait donc très difficile surtout si le pays y compris la capitale Kigali, devait se trouver à feu et à sang.

 

La mort de Habyarimana devait engendrer un désordre sans précédent dans lequel beaucoup de gens devraient trouver massivement la mort. Sans même viser Habyarimana personnellement, tous nos opérateurs du Network à Kigali avaient informé dans leurs rapports que l’assassinat d’un autre homme politique important entraînerait à coup sûr l’extermination des tutsis. Tout le monde devrait comprendre ceci car était une réalité. Pour preuve, lorsque nous avons assassiné le fameux milicien Interahamwe Katumba, très célèbre dans le quartier Gakinjiro, beaucoup de Tutsi ont succombé lors des représailles. Kagame avait bien calculé les conséquences de son action visant le Chef de l’Etat. A chaque reprise des hostilités dans Muvumba, des Tutsi étaient tués à Bugesera. Qui ignore le sang qui a coulé lorsque nous avons assassiné Félicien Gatabazi du PSD ou Martin Bucyana, le Président de la CDR? En vérité, Kagame s’était bien rendu compte des conséquences de son forfait en assassinant le Président HABYARIMANA: les FAR, les GD, les CDR, les INTERAHAMWE s’en prendraient aux Tutsi qui eux ignoraient ce que tramait leur « libérateur » Paul Kagame. Mais, ces tristes conséquences dévoilent bien les seuls intérêts de Kagame. Tandis que les Tutsi seraient massacrés, violés et pillés, nous devrions nous faufiler à Kigali pour la conquête de la capitale et la prise du pouvoir.

 

Assassiner Habyarimana constituait incontestablement un raccourci. Les accords d’Arusha resteraient lettre morte parce que les négociateurs n’auraient pas le temps d’y retourner et de reprendre les pourparlers pour désigner un successeur au Président assassiné.

 

Je fais partie de beaucoup de gens qui ont témoigné sur l’assassinat du Président Habyarimana. Même si parfois je ne sais pas comment la presse a eu accès à ma version, elle transforme facilement ma version de cette histoire. C’est évident que mon témoignage devrait susciter pas mal de commentaires à tous azimuts.

 

En ce qui concerne les autres massacres attribués au FPR, j’écrirai bientôt tout ce dont je me rappelle y compris les noms de ceux qui les ont perpétrés parce que j’étais présent dans cette guerre dès le début. Ce que j’ignore c’est les endroits et méfaits auxquels je n’ai pas assisté quoique j’ai été souvent informé par d’autres.

 

Je n’aimait pas Habyarimana et je l’ai combattu dans les rangs de l’APR. Je sais ce que les proches de Paul Kagame pensaient de lui. Mais Kagame sera surpris un jour quand il se retrouve à la barre chargé par ceux qui ont comploté avec lui, ces proches qu’il appelait ses intimes collaborateurs et sur lesquels il se trompe encore aujourd’hui.

 

En ce qui concerne les militaires qui ont exécuté l’ordre de Kagame à savoir la descente de l’avion du Président Habyarimana ou ceux qui ont transporté les missiles de Kigali à Masaka, la communauté internationale devrait veiller sur leur sécurité pour s’assurer qu’ils ne soient exterminés pour faire disparaître les témoins gênants de Kagame. Voici quelques noms:

 

Major Ruzahaza. Le jour où les missiles devaient quitter Mulindi, c’est lui qui a conduit les militaires jusqu’au Convoy. Il était capitaine à l’époque. Il était avec 6 militaires sous ses ordres. Les Casques Bleus ghanéens de la MINUAR qui les escortaient n’ont pas remarqué la présence des missiles dans le camion;

 

Warrant officer 2 demob Eugène Safari. Il se surnommait « Karakonje » parce qu’il adorait la bière bien froide. C’est lui qui a conduit le camion qui transportait le bois de chauffage de Mulindi à Kigali (quartier du FPR au CND). 2 missiles dissimulés dans les coffres étaient à bord de ce camion sous le bois;

 

Sergent Moses Nsenga. A l’époque, il était caporal. Actuellement, il s’est réfugié en Uganda. C’est le frère de Kayonga. La plupart de ceux qui avec lui, ont chargé les missiles dans le camion ont disparu. Seul survit encore le Sergent Tumushukuru. Le caporal W02 Rwamapasi Stanley est mort en 1998, le Caporal Wo2 Seromba est mort en 1997. Le chargement de ces missiles était par ailleurs supervisé par l’actuel lieutenant-colonel Joseph NZABAMWITA avec le Major BIRASA qui était alors capitaine et a été assassiné par Paul KAGAME;

 

Sgt Mazimpaka Didier. Le jour de l’assassinat du Preésident Habyarimana, c’est lui qui a conduit la Toyota Stout 2002 qui transportait les deux missiles utilisés pour descendre l’avion présidentiel. Il a transporté les tireurs et est revenu les reconduire jusqu’au CND après l’attentat. Il a été plusieurs fois échappé ç un assassinat parce qu’il en était averti ou par chance;

 

Capitaine Frank Nziza. Il était sous-lieutenant à l’époque. C’est un tireur chevronné des missiles SA16. Nous les nommions SAM 16. C’est lui qui a tiré le missile qui a abattu l’avion présidentiel. Avant d’envoyer trois militaires en Uganda pour apprendre le maniement de ces missiles, il n’y avait personne d’autre au FPR pour les utiliser. Ces trois militaires sont : sergent Nyamvumba Andrew, sergent Twagira Steven, caporal Hakizimamna Eric. Ils étaient tous des soldats du High Command chargé de la sécurité rapprochée de Paul Kagame;

 

Lieutenant Eric Hakizimamna. En 1994, il était caporal. C’est lui qui a tiré le premier missile qui a atteint l’aile droite de l’avion présidentiel. L’avion aurait même pu atterrir s’il n’avait pas été atteint par un deuxième missile;

 

Sergent Ntambara Potiano. Actuellement, il a le grade de lieutenant. Il est parti dans la Toyota qui transportait les missiles en tant que garant de sa sécurité;

 

Sergent Aloys Ruyenzi. Il est actuellement sous-lieutenant et se trouve en fuite en Uganda. A ce moment là, il occupait la place du lieutenant Silas Udahemuka, le Chef des renseignements de Kagame. Ruyenzi se trouvait également à l’endroit où la décision d’abattre l’avion présidentiel a été finalisée lors d’une réunion qu’a présidée Paul KAGAME et qui réunissait le Col Kayumba Nyamwasa, le Lt-col James Kabarebe, le Col Lizinde Théoneste, le Maj Jacob Tumwine et le Capt Charles Karamba. C’était le 31 mars 1994. Tous les participants à cette réunion sont encore en vie à l’exception de Lizinde qui a fui le Rwanda et a été assassiné à cause du secret qu’il savait. La pièce où s’est tenue cette réunion était gardée par le sergent Paul Karabayinga (actuellement lieutenant) et le sergent Sempa Peter. Celui-ci a perdu sa vie à Bukavu (RDC) en 1996 dans des conditions jamais élucidées.

 

On peut en citer encore beaucoup qui ont été au courant du projet d’attentat contre l’avion présidentiel. Notamment au sein des membres du fameux Network (Réseau) et les militaires du 3ème bataillon stationnés alors à Kigali. Ce qui est inquiétant, c’est que tous ceux qui seront soupçonnés d’avoir coopéré à la collecte de ces informations seront éliminés par Paul Kagame s’ils ne sont pas protégés. Personne n’ignore comment Kagame a fait disparaître le capitaine Hubert Kamugisha qui nous dirigeait dans la recherche des renseignements à Kigali et dans les milieux des Interahamwe. Il a été tué dans la région de Bugesera. Son garde de corps a été sommé d’affirmer qu’il l’a entendu qu’il se suicider en tirant sur lui-même.

 

Tout militaire qui n’est plus en bons termes avec Kagame, ou soupçonné de pouvoir divulguer ce secret, a été assassiné ou est surveillé de près en attendant une bonne occasion de l’éliminer. Afin que les Rwandais soient de plus en plus éclairés de tout cela, je publierai bientôt tous les noms des infiltrés, “techniciens” dont je me souviens qui opéraient avec moi à Kigali et même ailleurs au Rwanda.

 

 

Le FPR avait-il prévu Les CONSEQUENCES

lieES a la mort d’ Habyarimana et A-T-IL prévu

un plan de PROTECTION DES Tutsi?

 

Cette question est fondamentale car si les Rwandais savaient ce qui s’est passé, ils descendraient dans la rue pour exiger la démission de Kagame et sa traduction devant les tribunaux comme d’autres criminels. Voici des exemples montrant que l’APR était capable de sauver des gens, mais que cela n’entrait pas du tout dans les priorités de Paul Kagame:

 

Les militaires de l’APR pouvaient marcher au moins 30 kilomètres par jour. C’est le minimum puisqu’il leur est arrivé d’effectuer 80 kilomètres (en faisant face aux attaques) et de commencer tout de suite après, le combat. C’est tout à fait vrai : la 59ème Unité a quitté Butaro pour passer la nuit à Miyove alors qu’elle avait interrompu la marche pendant longtemps en attendant des ordres dilatoires de l’Afande Kagame. Ce dernier savait bien ce qu’il avait demandé à ses hommes. Cette 59ème Unité a poursuivi sa marche vers le CND pour y arriver le 10 avril 1994 dans la journée. D’autres Unités, comme Bravo et Alpha, ont mis seulement deux jours pour y arriver. Une partie de la 101ème est arrivée en même temps que les premières, une partie de la Police Militaire (Military Police) est arrivée le troisième jour, c’est-à-dire le 9 avril. A ce moment, les troupes transportaient, en plus de leurs effets personnels, plus de 30kg chacun. Ils marchaient jour et nuit pour nous apporter des munitions pour plusieurs jours en attendant que nous déloquions la route menant à Byumba. Les troupes pouvaient donc effectuer plus de 100 kilomètres (pour ceux qui sont venus de Butaro) en 3 jours, alors que nous nous battions en même temps le long de notre avancée.

 

Au fil des jours, certaines recrues de l’APR provenaient du Rwanda en grand nombre. Hormis ceux qui sont venus de l’Ouganda qui prétendaient qu’il n’y avait pas de vrais Tutsi à l’intérieur du Rwanda, que ceux qui y étaient restés étaient des matérialistes, qui n’ont pas voulu s’exiler, des Hutu dans leur manière de penser. Mais nous autres, venant du Rwanda étions déterminés à aller au secours des nos familles qui étaient en train d’être décimées. Ce qui est surprenant, et qui a poussé bon nombre de nos compagnons au suicide, c’est qu’on nous empêchait de sauver des gens que nous voyions mourir. Certains prenaient leurs fusils pour se suicider, en déclarant qu’ils se sont trompés en se faisant enrôler dans l’APR. Moi, je ne me suis pas trompé, mais j’ai été fort chagriné par la non-assistance de nos familles qui mouraient alors que nous avions les moyens pour l’empêcher.

 

Nous connaissions Kigali plus que les résidents. Nous connaissions tous les petits sentiers même ceux empruntés par les rats, nous connaissions Kigali nuit ou jour, nous savions tous les lieux où les gens devaient être secourus… Hormis Kigali, il n’était pas difficile de nous rendre dans d’autres régions du Rwanda. Nos compagnons qui en revenaient pouvaient nous indiquer les chemins.

 

Au Rwanda, on connaissait des régions où il y avait beaucoup de Tutsi qu’on pouvait protéger collectivement. Ces régions n’étaient pas nombreuses. Ce sont entre autres Bugesera, Kibuye, Butare et Rwamagana. Et à ces régions et les environs, on aurait pu porter secours.

 

Voyons comment Paul Kagame n’avait aucune envie de sauver des Tutsi alors que c’était lui qui les avait plongé sciemment dans une situation critique.

 

à Kigali

 

Si l’APR voulait vraiment sauver des Tutsi, pourquoi ne pas avoir protégé ceux de l’ETO Kicukiro, vu notre force et notre capacité de faire une longue marche en nous battant? Ne savait-il (Kagame) pas qu’ils étaient là ? Etait-ce ci difficile de quitter le CND pour aller protéger les gens qui s’y trouvaient à moins d’une heure ?

 

Comment n’a-t-on pu quitter Rebero pour sauver des gens à Rwampala ?

Comment peut-on expliquer que les criminels érigent une barrière meurtrière sur le petit pont près de la gare routière de Nyabugogo en direction de Gatsyata alors que Kagame avait la Bravo sur le mont Jari ?

Comment expliquer qu’on a laissé tuer une foule de gens à Gisozi, à Kagugu, à Kinyinya alors que l’APR y était à moins de deux kilomètres ?

Pourquoi ne pas avoir quitté le CND pour sauver des gens qu’on décimait à Kacyiru, à Cyimicanga et au-delà de la Sainte Famille ?

Comment peut-on expliquer que les gens ont été décimés au Bugesera alors que l’APR était à peine 35 kilomètres de Nyamata ? Il n’y avait pas de camps militaires sur notre route plus forts que les redoutables positions de Ruhengeri et de Byumba où les militaires de Habyarimana nous ont pourtant dû laisser passer?

 

 

en dehors de Kigali.

 

Mis à part le Bugesera mentionné plus haut, qu’est-ce qui nous a empêché d’intervenir à Kabuga et à Rwamagana ? Etait-ce ci loin au point de ne pas y arriver à temps ? N’avons-nous pas par après montré que nous étions capables de nous rendre à Kinshasa à plus de quatre mille kilomètres (4000 km), plus de quatre mille, puisque nous avancions non pas en ligne droite, en moins de 150 jours ? Ce qui revient à dire que nous effectuions 26 kilomètres par jour. Il nous arrivait d’effectuer même plus de 80 kilomètres !

 

Et à Butare, pourquoi les Tutsi ont-ils été tués un mois après le commencement du alors que le génocide? A Kibuye, qui a protégé les Tutsi qui se sont défendus jusqu’au mois de juin mais ont fini d’être abattus comme des bêtes, sans assistance ?

Et au portail du CND ?. Si l’APR se souciait des gens, pourquoi Kayonga, qui savait que l’avion allait être descendu, a-t-il ordonné qu’on chasse les civils et qu’on ferme les portails de l’enceinte, afin d’éviter qu’on dise qu’on les a cachés ? Combien de cadavres tutsi, chassés du CND, où ils étaient allés trouver refuge, ont-ils été écrasés par des véhicules au rond point de Kimihurura ? Ne faut-il pas qualifier cela par un sacrifice des Tutsi ?

 

Conclusion évidente: KAGAME NOUS A EMPECHES DE SAUVER NOS FAMILLES ALORS QUE NOUS EN AVIONS LES MOYENS ET LA VOLONTE.

 

Par contre chaque fois qu’il y a eu une intervention pour sauver quand même des gens, cela s’est passé pour trois raisons:

On sauvait une personne que le FPR voulait utiliser après la prise du pouvoir.

On dauvait des personnes qui par hasard se retrouvaient dans notre trajectoire.

Certains commandants pris de pitié ont sauvé des Tutsi à l’insu de Paul Kagame. Sauver les paysans tutsi n’a jamais fait partie de la « stratégie Kagame ».

 

Voyons brièvement l’ambiance qui régnait au sein des militaires de l’APR pendant le génocide. En tant que militaire, qui a fait la guerre, je conçoit qu’il est nécessaire que les troupes militaires se reposent, qu’ils soient renforcées ou relayées. Mais devant l’ ampleur des massacres était-ce toujours justifié ?

 

Dans Kigali il y avait des Unités de l’APR dont certaines avaient été envoyées et d’autres formées sur place. On peut citer entre autres : Alpha, Bravo, la 59ème, la 7ème, la 3ème et Police Militaire. D’autres avaient des « Coys » à partir de A-B-C-D-F-G-K-HQ. Là où il y avait peu, il y en avait 10 et chacun comptait près de 170 personnes. Il y avait également de grandes unités qui comptaient jusqu’à 2000 personnes. Ajouter à toutes ces personnes une multitude de techniciens infiltrés dans la ville de Kigali. En réalité, il y avait dans la ville de Kigali et dans les environs plus de 12000 militaires de l’APR. Ceux-ci restaient inactifs alors que des gens mouraient autour d’eux.

 

                Ce qui s’est passé après la chute d’une grande partie du quartier de Gikondo est consternant : au moment où le sang des nôtres coulait, les Afande affectaient un grand nombre de militaires pour piller les grands magasins comme les Magerwa. Les militaires n’allaient pas secourir ceux qui étaient en danger puisque cela ne faisait pas partie de leur mission donnée par Kagame. Et lorsque celui qui passait outre et prenant quand-même l’initiative, perdait un homme hors de sa zone d’action, il était jeté en prison. Les militaires Kaka, Dodo, Ngonga, Bagire, Kayonga rivalisaient dans le pillage des Land Cruisers qu’ils transformaient en jeeps d’escorte. Ces militaires ressemblaient aux Interahamwe.

 

On n’a jamais connu de meilleurs combattants que les hommes évoqués ci-dessus. Ajoutez à ceux-là Kaddafi, Nyamurangwa, Kwikiriza, Kalisa, Rwigamba, Nkubito et bien d’autres. Nous les considérions comme des combattants qui savaient ce qui convenait de faire. Mais ils n’avaient pas de mandat. Au lieu d’aller protéger les gens, ils se sont livrés à la débauche, à la consommation des Nido, des Carlsberg, des Whisky, des Mützig et des Primus. C’est à partir de cela qu’a commencé les vagues de pillages. Au moment où les Interahamwe tuaient et pillaient, l’APR continuait à festoyer dans Magerwa et dans la sucrerie de Kabuye. Après avoir tué des innocents à Byumba, l’APR s’est livrée au ratissage dans les voisinages et au pillage du pays, acheminant le butin en Ouganda. Tout ceci est consternant. Je donnerai par la suite d’amples détails.

 

 

Pourquoi Kagame se PRESENTE-t-il

comme le sauveur DES TUTSI ?

 

J’ai montré comment la situation a évolué des deux cotés, comment les Interahamwe sont devenus de plus en plus cruels. J’ai précisé que les Interahamwe avaient fui le FPR qui lui avait décimé des gens dans les régions de Byumba et de Ruhengeri. Aux portes de Kigali, ces Interahamwe étaient devenus comme de vrais animaux, incapables de différencier les Inkotanyi des Tutsi.

 

En ajoutant à ces facteurs les propagandes divisionnistes, la mort du Président et de sa suite, lesquels étaient responsables des Interahamwe, tout cela ne pouvait que conduire à l’extermination des Tutsi. La fureur des Interahamwe était exacerbée par le fait qu’ils ne trouvaient pas qui devait faire face au FPR. Comparées aux tueries sans nom que des Interahamwe hutu ont perpétrées contre des Tutsi, les erreurs de Kagame, quelle que fusse leur gravité, perdaient de poids devant les Tutsi qui le considéraient comme celui qui avait stoppé le génocide. Et comme il adore les honneurs, Paul Kagame a fait avaler cette version des faits qui le permet de s’arroger le droit d’écraser quiconque sort de sa ligne de pensée.

 

A celui qui pense autrement, il dit « vous êtes des criminels ! » Aux pays étrangers qui lui demandent de tempérer sa politique oppressive, il répond : « Taisez-vous ! les gens sont morts sous vos yeux. Moi je suis parvenu à renverser le gouvernement, qui les tuait, et à arrêter le génocide. Comment vous mêlez-vous de nos problèmes ? »

 

Et voilà qu’il prospère et qu’il s’impose comme celui qui a sauvé ceux qu’on décimait alors que c’est lui qui est à la base du désastre. Un Tutsi a servi de détonateur aux tueries des Tutsi pour les laisser périr sans défense.

 

 

 

L’implication des pays étrangers dans notre conflit.

 

 

Bien sûr des choses affreuses existent dans toutes les révolutions, les guerres dites de libération et dans les armées régulières qui doivent faire face aux assaillants, mais dans la guerre des Inkotanyi, j’ai vu beaucoup trop de choses. Maintenant ils ils veulent continuer à tenir le peuple sous le joug du mensonge et de l’intimidation.

 

Premièrement, la guerre est partie d’Ouganda et elle a été menée par une armée composée majoritairement de jeunes Tutsi venant de plusieurs pays : de l’Ouganda, de la Tanzanie, du Zaïre, du Burundi, du Rwanda, du Kenya et en petit nombre d’autres pays.

 

Ceci suffit pour comprendre d’emblée que ces pays y ont joué un rôle. Il semble être claire que ces pays ont été informé et qu’ils ont permis aux jeunes Tutsi d’y transiter pour se rendre au front. Parmi ces pays, il y en a qui envooyaient des agents de renseignement pour accompagner ces recrues. Plus de 30.000 personnes ont transité par le Burundi pour entrer en Ouganda. Celui-ci a accueilli beaucoup de jeunes recrus. Tout le monde devait y passer.

 

Deuxièmement, le Rwanda, tout comme le FPR, ne fabriquent pas d’ armes. Ils doivent les acheter. Les acheter suppose de deux côtés qu’il y a des pays qui les vendent. Le Rwanda utilisait ses propres fonds pour acheter des munitions, recevait d’autres sous forme d’aide ou de crédits de pays amis. Parmi ces pays amis, il y a la Belgique, la France, la Chine, la République Sud-Africaine, l’Egypte, la Russie, etc. La guerre demande continuellement qu’on achète de nouvelles armes susceptibles de faire face à celles de l’ennemi. Il faut donc des instructeurs, souvent étrangers pour enseigner le maniement de ces nouvelles armes.

 

On sait qu’il y a eu des instructeurs belges et français au Rwanda. De la même manière, personne ne peut nier que l’APR avait des instructeurs ougandais et que certains militaires étaient envoyés en formation dans les pays amis. On ne peut donc pas ignorer cette logique.

 

                Parmi les questions soulevées aujourd’hui, le Rwanda accuse la France d’avoir jouer un rôle dans ce qui s’est passé au Rwanda en entraînant des Interahamwe. Moi je demande ceci : que devaient apprendre les Interahamwe qui nécessitait l’expertise française ? Ce qu’ont fait les Interahamwe, c’est couper avec des machettes ou lancer des grenades. Ils devaient également manier des fusils en usage au Rwanda, tâche que les policiers communaux puissent accomplir sans problèmes. Si les Français étaient venus exciter les Interahamwe à haïr leurs compatriotes, les encourager à verser du sang, les commander, j’aurais accepté qu’ils aient joué un grand rôle. Tuer des paysans sans défense ne demande tout de même pas une expertise française ! Bien sûr les Français ne sont pas sans blâme, car au moment où nous maudissions Habyarimana, eux le portaient dans les nues comme un grand ami. Pour moi et pour d’autres membres du FPR, l’ami de notre ennemi était notre ennemi. Mais pourquoi continuer à accuser la France ?

 

J’ai bien évoqué des endroits où nous avons tué la population. Devons-nous traduire devant les tribunaux internationaux pour crimes de génocide les Burundais qui nous ont donné le passage et les Ougandais qui nous ont formés et fourni les munitions ? Après le génocide et pendant la guerre du Congo les militaires rwandais ont été instruits par des Américains, des Israéliens , des Coréens du Nord, des Sud-Africains, des Ethiopiens, des Erythréens, des Russes, des Kenyans et d’autres encore. Est-ce que cela veut dire que ces pays doivent répondre des crimes que nous avons perpétrés contre des Hutu et des Congolais que nous avons exterminés au Congo?

 

Notre armée comptait dans ses rangs des militaires ougandais. Kagame les a accepté, renvoyé en les remerciant officiellement. Certains de ces militaires maniaient des armes lourdes comme 122mm, 107mm, 120mm. Devons-nous pour cela prendre l’Ouganda au cou pour qu’il justifie les problèmes du génocide ?

 

Il est temps que les Rwandais soient réellement libérés. Il faut qu’ils connaissent l’origine du mal qu’ils ont enduré. Habyarimana a planifie l’ineffable et Kagame l’a exécuté. Habyarimana est mort, mais Kagame peut être encore traduit devant les tribunaux pour être jugé. Cela me semble nécessaire afin que les Rwandais puissent vivre ensemble en paix.

 

Au déclenchement de la guerre, le Zaïre et la Belgique ont vite envoyé des troupes au Rwanda, pensant que c’était l’Ouganda qui attaquait le Rwanda. Arrivés sur place, ils se sont rendu compte que c’étaient des Tutsi qui voulaient entrer au Rwanda et ils se sont retirés. Les voyant partir, les Français ont continué à soutenir Habyarimana. C’était leur ami à qui ils devaient venir en aide parce que les autres l’abandonnaient.

 

 

 

Que faire maintenant ?

 

IL FAUT UNE ENQUETE INTERNATIONALE SUR LES ORIGINES DU GENOCIDE ET LES MASSACRES. IL FAUT IDENTIFIER LES RESPONSABILITES PARMI LES DEUX PROTAGONISTES ET LES COMPLICITES INTERNATIONALES.

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Texte original : Kinyarwanda

Traduction française : AVICA asbl (avril 2004)